jrnl|comme un mois de janvier

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Au moment de sortir, une forte averse. Je renonce à ce tram et prendrai le suivant, plus fréquenté, celui où il n’est plus question de places assises, si rares, celui des chuchotis entre adolescents, des regards jetés du coin de l’œil ou rivés sur l’écran lumineux du téléphone, celui des gestes retenus, des éclats de rire parfois, du début d’une conversation téléphonique interrompue la veille, celui des habitudes et des habitués. J’observe le va-et-vient des voyageurs à chaque station, imagine le début de journée de certains, attrape une conversation au vol. Plus le temps de rejoindre le quai pour traverser le fleuve en bateau. Je poursuis jusqu’à la Porte de Bourgogne, change de tram pour passer le pont de Pierre. Il fait toujours nuit. Si les averses de pluie n’étaient pas aussi menaçantes, c’est à pied que j’aurais terminé ce trajet matinal vers Bastide.

De la présence de nos chers disparus, torture de nos sentiments. Un mois de janvier douloureux pour R. Les fêtes passées dans l’ombre des absents n’ont pas aidé et cette date qui approche. Profonde tristesse. Je t’imagine chez toi après une matinée à te motiver sur ce cours de cinéma à l’Université pour tous, le goût pour pas grand-chose et une forme de lassitude à supporter la peine de tous sur tes épaules. Demain sera plus heureux, il le faut.

J’arrive un peu tôt en ville ce matin. Température douce, 9 degrés. Dans le tram, une chaleur étouffante. C’est décidé, je descends aux Quinconces et je marcherai jusqu’au quai, en faisant un crochet par le Grand Théâtre, le temps de regarder les bâtiments de pierre encore enveloppés dans la nuit qui s’achève, bientôt. Je prends deux, trois photos et en effleurant les allées de Tourny, je souris à l’idée que la ville possède son Flatiron building en miniature, trois façades, mais seulement 5 étages contre une vingtaine pour le new-yorkais.

Trottoirs humides encore gorgés d’eau des averses des derniers jours, le vent, les rafales, des branches d’arbres coupées, sectionnées, arrachées jonchent le sol en désordre et les feuilles mortes s’entassent dans des recoins.

Rencontres d’écrivains, le petit bonheur des fins de journée à savourer avec délice. Ce soir, la petite salle au vieux parquet de courtes lames posées à bâtons rompus, se remplit peu à peu. Chaises en plastique rouge devant, dépareillées au fond. Des échanges de vœux entre habitués, des bonjours timides. L’agitation modérée des organisateurs, la décontraction des auteurs invités. Des échanges conviviaux, de la bonne humeur et le sentiment d’avoir partagé un moment qui va longtemps rester dans la mémoire.

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