regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit
[jrnl|temps passé]
Juste le bruit du frottement des roues du tram sur les rails, le bip des portes qui dans un mouvement de ballet synchro s’ouvrent et se referment sur le froid extérieur, l’accélération et la décélération et les corps qui se balancent les uns vers les autres, l’annonce des arrêts, voix féminine.
Traverser la voie du tram et se glisser dans les rayons du supermarché pour la première fois si tôt. Il manquait un dessert au déjeuner cuisiné maison. L’heure matinale implique un espace peu fréquenté, d’où mon attente à la caisse au risque de manquer le tram. Les employés, déployés dans les rayons, silencieux, concentrés sur leur tâche, ne s’étaient pas préoccupés de ma présence, la sonnette d’appel en sourdine n’était d’aucune aide, seule la voix a interpelé l’un d’eux, accouru en s’excusant.

La température baisse de plus en plus, le ciel gris et bas se confond avec l’horizon. Un frisson parcourt mon dos, une sorte de léger choc électrique, l’atmosphère semble en alerte. En levant les yeux de mon ordinateur, je les vois, d’abord petits et timides, puis ils prennent en assurance et deviennent plus volumineux, plus cotonneux. Des flocons de neige tombent sur Bordeaux. La fine couche a tenu le temps de quelques heures.

On s’est tous attendu rue du Loup. On a participé à un jeu de piste tous ensemble. Puis on est ressorti. Certains ont rejoint d’autres activité, d’autres bars, on fait d’autres rencontres, se sont couchés plus tôt ou plus tard et d’autres sont restés pour poursuivre la soirée. M nous a accompagnés le temps de boire un verre, puis s’en est aller dans la nuit glacée. Nous avons marché dans la ville à la recherche d’un restaurant où il ferait bon se réchauffer, partager un repas et nous avons repris chacun un bus, un tram pour rentrer chez nous le cœur léger.
