regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit
[jrnl|temps passé]
Un mur végétal devant moi offert à la vue de tous et un banc pour s’assoir. A peine arrivée, je ressens une petite brise rafraîchissante, bienvenue. La journée fut longue. Les eaux du fleuve se taisent, muettes aux assauts des mouettes. Je remonte le temps et d’un point fixe, le vertige me prends. Il me murmure que l’océan est bien trop vaste, pour venir jusqu’ici. Perte d’équilibre et puis plus rien.

On les localise bien de ce côté de la rive ces repères visuels que sont Saint-Louis des Chartrons, Saint-André associée à la tour Pey-Berland, Saint-Pierre très discrète voire absente, à peine devinée, la flèche Saint-Michel en restauration ceinte d’un échafaudage colossal. En façade, la Porte de Bourgogne, la Porte Cailhau, la Place de la Bourse et plus loin sur la droite, les Quinconces. Cartographie succincte d’une ville bien ancrée dans les strates de son histoire.

Une matinée à regarder de l’autre côté de la vitre, de l’autre côté du bâtiment, de l’autre côté de la ville. La brume comme un voile de protection s’est levée et de ce fait a libéré la vue sur un quartier en devenir.

Traverser le pont de Pierre un matin quand le jour peine à se lever et écouter les bruits de la ville de chaque côté des deux rives. Interférences sur la ligne. Je marche d’un bon pas, l’arrière-plan est net. Une autre fois, j’avais traversé moins vite. Sur le pont de chemin de fer, un train passe d’une rive à l’autre et, jouxtant la voie, la passerelle Eiffel enjambe encore la Garonne.

Stalingrad, c’est l’autre côté, le quartier Bastide sur lequel veille en conquérant un grand fauve bleu doux. Décalage contemporain sur fond de bâtisses plus anciennes alors que dans le repli de la mémoire quelque chose recule, le soir tombe et tous les arbres de la place épousent les formes de l’oubli.