rt|sur la côte vendéenne, l’île d’yeu

Partir un dimanche de Pâques en début d’après-midi sous un magnifique soleil de printemps. Rouler vers le nord. Les paysages défilent, laissent entrevoir une campagne en pleine floraison. Quelques éoliennes arrêtées, pas de vent. Passer le marais poitevin, bifurquer vers le nord-ouest pour atteindre la côte Atlantique à la hauteur de Saint-Jean-de-Monts. La plage est là derrière la dune. Et au loin, l’île d’Yeu se détache de l’horizon.

Nuit calme dans le van malgré quelques averses. Au matin un peu de vent marin, doux et salé. L’île d’Yeu dans la brume. Petit-déjeuner copieux et le bruit des vagues de l’autre côté de la dune. On laisse le van dans le parking gratuit, on marche jusqu’à l’embarcadère. 10:30, le ferry démarre, puissance des moteurs. Regarder l’océan de haut, se laisser bercer par la houle qui de temps à autre moutonne. Des mouettes joueuses survolent la surface de l’eau. Ecouter ce que l’océan nous transmet dans ces moments suspendus. Faire abstraction des gens qui nous entourent, rentrer en soi, méditer, puis c’est l’entrée dans le port, le retour à la réalité.

Le temps n’est guère prometteur. Nuages gris porteurs de pluie, menace permanente. On marche dans la ville, surtout le long du quai, plusieurs fois, on arpente les rues derrière et on s’arrête boire un verre à l’Equateur, observer la vie s’activer autour de nous. Deux messages envoyés, L. n’arrive pas, pourtant nous avions rendez-vous. Finalement, il nous rejoint. Belles retrouvailles. Visite du fileyeur sur lequel il travaille depuis deux ans. Découverte d’un univers dont on ignore tout. Espace exigu, odeur de carburant mélangée à celle du poisson. Sol mouvant, même à quai. Sol instable demain. Encore une marée et ce sera le désarmement définitif de cette carcasse vieille de quatre décennies. La suite, bruine, entrées maritimes, ciel bas, comme la marée à présent. Baignade des mouettes, vent persistant. Au café, prendre un chocolat chaud.

Au lever du jour, toujours le même temps gris. Nous sortons de l’hôtel à 8 heures, le rendez-vous avait été pris la veille pour le départ de cette ultime marée, prendre quelques photos de la jetée. Le fileyeur quitte maintenant le bassin à flot et se dirige vers un autre quai pour embarquer la quantité de glace nécessaire. L’opération prend un peu de temps puis l’équipage largue les amarres. Nos regards se tournent vers la sortie du port. À petite vitesse, ils sont passés devant nous avant de virer à bâbord et de prendre le large. Toujours émouvant de suivre des yeux un équipage jusqu’à les perdre sur la ligne d’horizon. Nous restons un moment sur la jetée. Je repense à toutes ces femmes, ces mères qui ont vu partir les hommes en campagne de pêche et qui ont attendu leur retour. Je reste là à contempler encore un instant cette masse volumineuse, dans ma propre solitude, vide de L. déjà bien loin de nous, de moi. Tourner le dos à l’océan, poursuivre sa vie, se dire que c’était bien de venir, de vivre ce moment-là.

Puis, nous décidons de louer des vélos et de nous promener sur l’île. Découverte d’un paysage sauvage entre terre et mer. Côte découpée, rocheuse, petites plages enclavées, la pointe des Cordeaux. La brise persiste de ce côté-ci. Instant tonique et vivifiant avant de reprendre le bateau pour rejoindre le continent. Un dernier verre au café du centre cette fois, une crêpe pour la route. Le vent forcit, la mer se creuse, les nuages menacent. Il est temps.

Nous reviendrons pour terminer le tour de l’île du côté du Grand Phare et du Caillou Blanc. Le navire de la compagnie maritime Yeu Continent attend les voyageurs. Un dernier coup d’œil sur le port et dans 30 minutes nous serons rendus à la gare maritime de Fromentine.

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