jrnl|convoquer nos souvenirs

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Quelques mots inscrits dans un mail venu de l’autre côté de l’Atlantique et c’est comme un profond déchirement, l’annonce de la maladie de Parkinson, son installation insidieuse aux symptômes tardifs, sa lente progression, les douleurs qui s’installent. Plus de 6500 km nous séparent, un vol transatlantique programmé 9h00 dans le sens est-ouest. Je pense à toi. Mon désir de te rejoindre grandit. Convoquer nos souvenirs égrainés tout au long de nos 40 années d’amitié, ce n’est pas rien. Les occasions de nous retrouver d’un côté ou de l’autre de nos deux continents, l’ancien et le nouveau, égrainées dans le courant de nos vies si différentes. Mais cette nécessité de ne jamais interrompre ce lien qui nous lie depuis que nos chemins se sont croisés un matin neigeux dans la banlieue nord de Chicago.

Retrouver la ville et se demander comment porter un regard différent chaque jour sur son activité, prêter plus d’attention sur ce qu’elle est, sur ce qu’elle transmet, la redécouvrir sous des aspects plus insolites. Ici, les cafés reprennent du service, le rituel s’impose, les serveurs installent les parasols, alignent les chaises derrière les tables sur lesquelles ils déposent des cendriers argentés. Je marche dans les rues et emprunte un tracé différent, une variation matinale dont Les Quinconces deviennent le point de départ, puis mes pas m’entraînent place de la Comédie, déserte à cette heure, vers la descente du cours du Chapeau Rouge avant d’atteindre le quai Louis XVIII. Il est 7h34, le BatCub m’attend.

Depuis quelques jours, la nature reprend vie, c’est un enchantement de couleurs tendres, d’odeurs sucrées. Glycines, forsythias, pavots, lilas, jonquilles, magnolias, jacinthes habillent la ville, les pâquerettes les pelouses, les pollens virevoltent au gré des vents de saison capricieux. Ressentir au fond de soi cette poussée fabuleuse et la recevoir comme un cadeau.

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