regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit
[jrnl|temps passé]
Des jours grignotés par la réalité du quotidien, parasite de l’esprit. Ici, tout suinte de ce qui m’écarte de mes objectifs. Et si ces temps de dérive venaient à me détourner de mon projet, à m’éloigner de cet espace essentiel à mon équilibre mental, à me détacher de l’écriture ? Pourrais-je survivre à ce déferlement insidieux ? Alors que mon regard est entièrement tourné vers des vibrations intérieures, celles qui alimentent la part vitale de ce que je suis, je ne souhaite qu’une chose, poursuivre le chemin entrepris depuis des années.

Un moment de grâce et les images défilent sur l’écran. Ce sont des mouvements du corps à apprivoiser, des respirations saccadées à maîtriser et l’espoir d’une répétition assidue meilleure que les autres. C’est réapprendre la danse pour enfin délivrer sur une scène en bois ou naturelle, au théâtre ou sur une plage en bordure de l’océan, la concrétisation de ces jours de sueur, d’humilité et de persévérance et donner l’impression de toucher du regard les secrets d’un monde à part.

Et cette voix authentique ou fictive, elle trotte dans ma tête et s’amplifie certains jours, ne change rien à ce que tu es. Était-ce l’écho d’une chimère ou bien de simples paroles attrapées au coin d’une rue à peine captés dans le brouhaha infligé par la foule aux heures de pointe ? Était-ce un état d’absence à soi, de ceux qui vous transportent ailleurs, vers des rivages inconnus ? Était-ce une aspiration inavouée ou une injonction à suivre ?

Ce sont quelques mots déposés dans ma messagerie en début d’après-midi. La promesse d’une rencontre entre deux femmes rattrapées par la mécanique indomptable du hasard (mais existe-t-il vraiment ?), par ce qu’on pourrait pointer comme un signe du destin puisque ça commence par le partage d’une passion, l’écriture, et une fascination à redonner vie à nos anciens et ça se poursuit par une date, la fin de l’hiver puis le réveil à la vie, un chiffre qui sonne dans l’intime de notre chair et puis, il y a un lieu, la ville blanche, comme un appel au lointain, aux origines, au rapprochement. Ce fut une belle rencontre.

Il faisait chaud ce vendredi soir, l’air était gorgé d’humidité. Du monde partout dans les rues, les terrasses des cafés débordaient de vie, de conversations croisées et amplifiées par une atmosphère chargées en électricité. Nous avons étanché notre soif place du Parlement. La bière fraîche régalait nos papilles. Nous avons discuté de tout et de rien, nos paroles s’associaient à d’autres conversations, plus bruyantes, plus expansives. Tout faisait écho sous les immenses parasols. Et puis, nous avons remonté la rue du Pas-Saint-Georges jusqu’à la place Camille Jullian, le restaurant n’était plus très loin. Un temps convivial autour de spécialités japonaises, des mots plus intimes, des échanges familiaux et amicaux, et une promesse entre cousins.