regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit
[jrnl|temps passé]
J’ai décidé d’être de bonne humeur ce matin, non pas que je ne le sois pas en temps ordinaire – il m’arrive parfois d’être envahi de doute et ma vitalité se tarit laissant se propager parfois un état brumeux – et de profiter du ciel bleu encore peu présent ces temps-ci. Le trajet jusqu’au tram me semble plaisant sous ces éclats de lumière bienveillante, la légèreté inonde mon corps.

Sur le bateau je confie à S. au combien j’ai aimé regarder la projection de Dancing Pina la semaine dernière à l’Utopia, comment j’ai été touchée par la grâce et la modernité des chorégraphies, la sensibilité des corps peinant sous le joug des répétitions. Le sujet nous a tenu jusqu’au croisement de la rue Nuyens avec la rue Léonce Motelay, c’est à cet endroit que nos directions divergent, que je poursuis vers l’avenue Abadie en logeant quelques travaux et l’une des extrémités du Jardin botanique.

Nouvelle expérience matinale à 6h55 alors même que je suis pressée, que j’ai déjà marché plus de 300 mètres, dépassé le rond-point de la rue Émile Combe et que je me suis engagée à droite dans la rue Molière, je décide de filmer une partie de mon trajet à pied jusqu’à l’arrêt de tram. Le résultat est loin d’être un succès, l’IPhone est peu stabilisé et mes pas se répercutent dans l’image sautillante. Retenir néanmoins l’idée.

Place de la Bourse, peu fréquentée à cette heure matinale, je descends du tram et remonte les quais en direction de la place des Quinconces. Envie d’aller prendre quelques photos des devantures des bars encore fermés. Plonger le regard à l’intérieur. De l’autre côté de la vitre, c’est un empilement de chaises, des tables rondes au plateau replié sont rangées les unes à côté des autres devant le comptoir. Il y a comme une image forte qui me traverse le corps et l’esprit, c’est un souvenir de la période du Covid, un sentiment que la vie a déserté le lieu, qu’il s’est vidé de son âme.


Le soir, je ferai un détour par le centre-ville, Pey Berland, l’entrée du Palais Rohan, les traces noires sur la pierre blonde et la porte cochère toute en craquelures carbonisées, victime collatérale d’une période tendue. Puis, remonter la rue des remparts, ses boutiques, ses restaurants.
