jrnl|les saisons défilent

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Au moment de faire un point sur la semaine passée, je réalise que j’ai peu de notes et de photos et qu’avec le lundi de Pentecôte, je n’ai traversé que deux fois Bordeaux. Néanmoins, trois fois par semaine je réalise le même trajet avec parfois des variantes en arrivant en centre-ville. Une descente du tram aux Quinconces, Place de la Bourse ou Porte de bourgogne avec un passage sur la rive droite à pied, en tram ou en BatCub. J’aime marcher surtout quand les beaux jours reviennent et qu’il fait jour et doux tôt le matin. Depuis bientôt deux ans, je parcours un chemin identique entre le Bouscat et le quartier Bastide. Les saisons défilent, apportent du changement dans le paysage urbain, mais je me demande encore comment traverser jour après jour ces couches répétitives du temps qui s’accumulent dans le même espace, comment les réinventer à chaque fois pour susciter l’attention en repérant un geste, une lumière, un son, une couleur. La ville peut se révéler secrète, hermétique, mais elle sait aussi se dévoile aux regards curieux. Les moments écoulés dans ce laps de temps consenti au trajet quotidien m’offrent plusieurs options de celles qui consistent à observer autour de moi, à écrire, à prendre des photos, à faire du tri sur mon portable, à visionner une vidéo, mais rarement à échanger avec un autre voyageur. Chaque matin, c’est comme un choix cornélien. 

Pas de JOT aujourd’hui pour la passagère habituée du 7h09, mais un sweat lilas. Pas de sac à dos, mais un sac en bandoulière gris et toujours le même sac à déjeuner bleu clair. Je remarque des mèches plus lumineuses parsemées dans ses cheveux. Sous le tram, un bruit répétitif claque. Une musique non identifiable s’échappe d’un casque. Devant moi, une jeune femme habillée de blanc, cheveux noirs très longs et à son cou un pendentif rond avec gravé en son centre la lettre B. Elle se prépare à débarquer à l’arrêt Fondaudège-Museum, son portable à coque jaune dans l’une de ses mains. Le conducteur annonce le terminus inhabituel aux Quinconces, je descends et rejoins les quais en optant pour un détour par la rue Saint-Rémi. Il fait 18°C et la météo prévoit des températures élevées pour la journée.

Ce matin, 19°C et des entrées maritimes, mon esprit s’échappe. Repenser à Auguste et à ce projet d’écriture qui stagne depuis la reprise d’un travail en septembre 21. Ne rien lâcher. Le temps viendra de laisser partir Auguste dans la plénitude d’un silence apaisant. Le passage au cimetière de Moissac dimanche dernier a ravivé la flamme des énigmes à résoudre. Retrouver la trace de ses parents et de son frère. Sur le tableau d’affichage du cimetière La Dérocade, un extrait de procès-verbal et des arrêtés concernant des reprises de concessions, un numéro de téléphone.

Laisser un commentaire