jrnl|tatouage

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Je sors de la maison, je lève les yeux, Orion est juste en face de moi, belle, majestueuse, éternelle, c’est son moment de grâce. Sur le 45 ème parallèle, au croisement du méridien zéro, la vie commence à s’activer peu à peu dans les maisons. Certaines fenêtres s’éclairent. La température est douce, les habitants du quartier aèrent les maisons avant de les quitter pour la journée. La dame âgée de la rue de la République a pris place dans son fauteuil roulant. La lumière crue du plafond reflète sur les traits de son visage des zones d’ombre. La peau est pâle. Chacun sur un trottoir, à sens inverse, lui caché derrière la ligne de voitures garées dans la rue de la République, moi occupée à regarder l’heure, j’ai failli manquer de dire bonjour au petit homme à la casquette blanche. J’ai remarqué au dernier moment son hésitation à prononcer le mot comme s’il avait besoin de mon assentiment pour le faire.

Pas de BatCub ce matin. Le tram glisse le long des quais, le ciel s’est teinté de jaune, orange, c’est magnifique. Les bâtiments de la rive droite se découpent en ombre chinoise devant un ciel limpide aux tons dégradés de feu. J’ai longé les quais à pieds jusqu’au pont de Pierre que j’ai traversé en me délectant du point de vue sur la ville, ses façades de pierres blondes, le fleuve et le bouillonnement de ses eaux gorgées de limon. J’ai continué en traversant de biais la place Stalingrad et j’ai poursuivi sur les allées Serr jusqu’à mon but final. Le soleil s’installait alors à l’horizon.

J’ai marché d’un bon pas pour rejoindre l’arrêt du tram Mairie du Bouscat. La ville baignait dans un silence réparateur. On percevait au loin le bruit des réacteurs d’un avion encore en montée après le décollage, le tram de 7h en direction de l’hippodrome. Derrière les portes des maisons, on devinait des réveils lents, brumeux. Sur le pont de Pierre, j’ai croisé une jeune fille, des tatouages volumineux recouvraient ses deux jambes, c’était comme de la dentelle, c’était tout un roman qu’on pouvait imaginer décrypter sur cette peau découverte, offerte à tous. Elle est passée trop vite, seule mon imagination a construit le reste de l’histoire.

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