jrnl|avec le printemps

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Ciel couvert, traces d’humidité sur les trottoirs, sur la chaussée. Cette nuit, je n’ai pas entendu la pluie, si discrète. Le jour se lève et depuis le changement d’heure, c’est comme la répétition d’une ancienne partition. Du déjà connu. On recommence le cycle alors qu’avec l’heure d’hiver, le jour s’était déjà levé.

Sur le chemin du tram, je ne croise plus le petit homme à la casquette blanche. Disparu du paysage depuis le début de l’année. En revanche, le volet de la porte d’entrée du 12, rue de la République est souvent ouvert. Aucune vie perceptible à l’intérieur, seul un éclairage pâle, jaune, envahissant.

Dans le tram D, la jeune femme au JOT framboise, souvent absente dans le tram de 7:07, ne dit toujours pas bonjour. Elle a très peu porté ce vêtement ces dernières semaines. Peut-être s’en est-elle séparé. Depuis quelque temps, un homme, chauve, un sac de voyage sur les genoux s’assoit toujours à la même place dans le carré. Face à la marche, côté fenêtre. Souvent à la place de la jeune femme au Jot framboise. Certaine qu’elle n’apprécierait pas beaucoup cette liberté insolente. 

Sur la place des Quinconces, la statue du Monument aux Girondins veille au bon montage des cabanes en bois des brocanteurs. 

Traverser le quai pour se rendre à l’arrêt du BatCub et remarquer une nouvelle fois, sur le sol, le même pavé mal scellé et,un peu plus loin, l’absence d’un autre laisse un trou qui pourrait être dangereux pour les passants. La Garonne apparaît dans un gris métal sous un ciel identique. On pourrait presque les confondre si la berge d’en face n’existait pas. Le banquier est toujours là, chaussures pointues, costume usé par les chiffres, petite mallette et aujourd’hui, un parapluie pliable noir dans une main. Le BatCub est à l’heure. Nous sommes deux passagers et deux membres d’équipage, un homme et une femme. Elle conduit, il fait l’embarquement et le débarquement des passagers. Il est petit, trapu, bavard, souvent trop. Elle est discrète, bouge à peine les lèvres pour dire au revoir.

Dans la rue du Ruat, la nuit n’est bientôt plus la nuit. Rien n’a changé ou presque. Une femme me précède, elle parle au téléphone, fort, j’entends jusqu’aux silences de sa conversation. Puis la rue monte légèrement et je la perds de vue. Penser à garder un œil  ouvert sur le monde. 

4 commentaires sur « jrnl|avec le printemps »

  1. Attention aux pavés bordelais qui parfois font vaciller l’équilibre instable des passants. Quelle belle promenade littéraire encore une fois. Merci.

    M

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