jrnl|toujours et jamais

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Le gris domine en ce début de semaine et c’est comme le reflet incertain, au petit matin, d’un printemps amputé de ses ciels bleu métal. Le trajet jusqu’au tram embaume de flagrances diverses et l’on reconnait dans un florilège harmonieux celles du jasmin, des roses ou d’arbustes divers. Sur les quais, les jardins débordent de végétaux de toutes espèces et les couleurs ressemblent à une palette de peintre.

Ça fait longtemps que je n’avais pas vu cette jeune femme, toujours assise à la même place dans le carré du tram, sens de la marche, siège côté fenêtre. Cheveux courts, baskets blanches, jeans et JOT framboise, elle était souvent accompagnée d’une femme plus âgée que j’ai pensé être sa mère. Aujourd’hui, elle est seule, visage fermé, air désabusé. Elle ferme les yeux comme si sa nuit avait été perturbée par des ombres inconnues empêchant un repos tant souhaité. Je me souviens qu’habituellement elle transporte avec elle un sac à dos, mais aujourd’hui c’est un sac isotherme bleu clair renfermant son déjeuner. Je descends du tram et la perds de vue.

Au-dessus de la ville, le ciel est une nouvelle fois très voilé, bas, mais on pressent que le bleu pourrait déchirer la brume d’un moment à l’autre. À l’arrêt Quinconces, le conducteur du tram annonce que nous devrons patienter durant un temps qu’il n’est pas en mesure de nous communiquer faute de renseignement. Finalement, nous repartons assez vite.

La ville est là, enveloppée d’un soleil hésitant, mais dans le cœur des citadins, la joie de profiter des jours fériés l’emporte. Sur la place du Palais, des couples dansent, appliqués dans les pas à reproduire, concentré dans l’exécution des gestes, ils tournent, élégants sur des musiques de tango argentin. Puis, rue de la Rousselle quelques tables rondes, des chaises métalliques et des couples se prennent la main, des amis partage un verre et le regard se porte sur Mimil, le personnage mythique du street artiste David Selor, pour toujours et à jamais il régale le passant.

La ville est là encore le lendemain, Bastide et son jardin botanique en pleine floraison aiguise le regard, adoucit les jours de grisaille et enchante le cœur. Un crocher à Dawin et il est temps de rentrer.

2 commentaires sur « jrnl|toujours et jamais »

  1. Oh ma Domi, comme ça fait plaisir de te lire. Toujours dans la délicatesse. Ton écriture te ressemble tellement. Gros gros bisous.

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