jrnl du retour | la pluie noircit les trottoirs

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Il fait déjà 22°C lorsque je sors de la maison. Le petit portail est ouvert, étrange. Le sol est encore humide des averses de la nuit et le jour peine à se lever. Je marche d’un pas soutenu, croise deux personnes, dont le petit homme à la casquette blanche. Lui, il dit bonjour ! Derrière les volets fermés, des lumières s’allument, des fenêtres s’ouvrent dans l’espoir de laisser passer un mince filet d’air. Je crains que la journée soit encore très éprouvante. C’est un tram D court qui s’arrête Mairie du Bouscat. Conséquence, il y a plus de monde. Je trouve tout de même une place assise.

Dans la nuit, orages et averses. Au petit matin, la pluie a noirci les trottoirs, la température est déjà élevée et des gouttelettes en suspension dans l’air se déposent sur mes vêtements. J’aimerais pouvoir m’arrêter et observer la vie clandestine au travers des vitres des fenêtres d’où s’échappe la luminosité des pièces habitées tôt le matin, sentir l’odeur du café, entendre le son du jet de douche sur les parois carrelées et les voix inaudibles, mais présentes. La vieille dame de la rue de la République n’est pas encore levée. Au-delà des volets entrouverts, j’aperçois une source de lumière dans le fond de la pièce principale. Quelques mètres plus loin, je croise le petit homme à la casquette blanche, mains dans les poches. Rituel du bonjour, deux syllabes qui claquent dans la nuit silencieuse, et je me demande ce qu’il en pense, si parfois il n’a pas juste envie de passer son chemin, la tête dans les épaules, les yeux suspendus au bout de la rue.

Ce matin, le tram de 7h08 n’est pas passé. Les gens se sont accumulés sur le quai. Nous sommes montés dans celui de 7h17, bondé. Je remets le masque, le Covid rôde parait-il. Barrière du médoc, une place assise se libère, je m’assois, c’est plus confortable pour écrire. Déjà 7h28 et les Quinconces sont en vue. Je ne prendrai pas le bateau ce matin.

J’ai marché d’un bon pas ce matin. Pas le temps de penser. Juste un œil jeté au n°12 de la rue de la République, chez la petite dame âgée assise dans un fauteuil roulant. Les volets étaient encore clos. Juste un bonjour en croisant le petit homme à la casquette blanche. Se caler sur le rythme de la marche, du souffle et se rendre compte que ma bouche était sèche qu’il fallait faire revenir la salive pour enfin déglutir. Le tram D est bien passé cette fois. Pas de nouvelles de la jeune femme au JOT framboise cette semaine. La dernière fois que je l’ai vue, elle semblait éteinte ou plutôt désabusée. Le ciel s’éclaircit mais le soleil n’est toujours pas levé, dans 25 mn à 7h40. Je serai sur le BatCub. Et là, ce sera un spectacle magnifique, toute la rive gauche illuminée par ses rayons incandescents qui viendront terminer leur route, projetés sur les façades blondes, les vitres.

2 commentaires sur « jrnl du retour | la pluie noircit les trottoirs »

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