rt|paris, un pied en automne

Arrêt sur une aire d’autoroute entre Bordeaux et Paris

Il a fallu se lever très tôt ce matin pour arriver vers midi en Île-de-France. Bercée par la ligne droite de l’autoroute, j’ai dormi sur une bonne partie du trajet. Pas vu Poitiers, pas vu Tours. Une grosse averse m’a réveillée alors que la voiture traçait sa route en plein milieu de la campagne. Première étape avant de rejoindre Paris, Boulogne Billancourt. Je rentre dans une brasserie, Odette, située au coin du boulevard Jean Jaurès et de la rue du Dôme. Il est 12h30 et la plupart des clients déjeunent. Ça sent la friture, la viande grillée. Je commande un Perrier tranche. Je capte quelques bribes de conversations, elles forment un brouhaha ambiant un peu gênant, brouille la concentration que je me force à soutenir pour lire mon livre. Des cuisines, derrière moi, s’échappent des bruits de vaisselle et de couverts qui s’entrechoquent. L’eau coule dans les éviers. Sur les fourneaux ça crépite. Dehors, capuches et parapluies ouverts, une pluie d’averse tombe sur le Square Soférino-Clamart. Assise sur une banquette confortable, en croute de cuir retournée, j’observe les tables autour de moi, des couples, des amis et collègues de travail. Sur ma gauche, une femme seule, étrange. Elle n’arrête pas de gigoter. Maquillage épais, pommettes rouges, trop rouges. Les coudes sur la table, tête penchée en avant, elle fixe maintenant la table après avoir pris des notes dans un carnet Clairefontaine jaune. Je remarque ses lèvres bouger, aucun son ne sort de sa bouche. Les serveuses vont et viennent, professionnelles, souriantes. L’une d’entre elles s’inquiète de mon attente, un peu longue. Je la rassure, tout va bien, la personne que j’attends est en chemin.

Quartier Latin en fin de journée, la Fontaine Saint-Michel, les touristes se prennent en photo. On attend les enfants. Joie de se retrouver. On s’embrasse, on s’enlace, on rit, on se dit des mots affectueux. Les questions fusent, on veut tout savoir des uns et des autres tout de suite. Effervescence. On marche dans les rues du quartier pour rejoindre la rue Mazarine. Le restaurant japonais, Kodawari Ramen, est bien noté. D’ailleurs, on fait la queue pour y rentrer. On apprend qu’il faut même se lister sur l’application pour espérer avoir une place quelques 2 heures plus tard. Ici pas de réservation à l’avance. Deux apéritifs plus tard, pris dans un bar rue de Buci, on sera appelé pour le dernier service. L’endroit est typique. A l’entrée, de chaque côté, des tablettes fixées au mur, tabourets hauts, puis le bar tout en long et au fond, une pièce minuscule avec 4 tables. Deux de 4 couverts, une de 2 et une autre de 3, c’est peu. A l’étage, après avoir grimpé les marches d’un escalier abrupt, les toilettes à gauche et une autre petite salle à droite, derrière un rideau. On commande à boire, à manger. Allergique aux fruits de mer, je ne pourrai pas déguster de Ramen, la spécialité de la maison, le jus comporte des traces de ces aliments. Le lieu est plaisant, nous plonge dans le Japon que l’on connaît, qu’on aime fréquenter sur place. Reproduction d’une petite ruelle étroite aux canalisations et fils électriques apparents. On mange, attablé sur une planche de bois posée sur des cageots en plastique, assis sur des tabourets bas. Le lieu est calme, sombre et étroit, esthétique d’un couloir pour rappeler les ruelles étroites de Tokyo.

Un samedi matin à La Défense. Errance et photographies. Passer de la couleur de l’IPhone au noir et blanc du Fuji.

Attendre le RER pour rejoindre la banlieue ouest. Se prendre pour une Parisienne durant quelques heures.

Gare Montparnasse, 19h44, le TGV Oui Go démarre. Voiture 11, place 141 et 142. On est dans le sens inverse de la marche, ce qui ne nous surprend nullement. On a cessé de demander, d’espérer, le résultat était le même. Ce soir, peu de monde voyage, c’est samedi et l’heure du repas. Dans le compartiment, se dégage une odeur forte de fast food et de transpiration. Le soleil s’est couché et le ciel se teinte de rose. Le TGV file à grande allure, me berce. Je lis, je somnole. Je retrouve ma ville.

4 commentaires sur « rt|paris, un pied en automne »

  1. Le Japon comme s’y on y était, même si on y a été, Paris comme s’y on y était, même si on y été, toujours ces beaux mots et ces belles phrases pour décrire tout ce qui nous entoure, nous emmener dans ces voyages et nous y faire sentir présents dans le décor

  2. pour ma part, je suis plus sensible aux retrouvailles et à l’odeur de cuisine japonaise qu’aux hauts bâtiments tout de verre constitués…
    encore un petit voyage plein d’observations et de tendresse…

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