regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit
[jrnl|temps passé]
Sitôt rentrée, porter une nouvelle fois le regard vers l’Ouest. Et c’est comme une boucle infernale qui n’a de cesse de se répéter à l’infini. Un va-et-vient inscrit dans la chair, une respiration attendue à mesure qu’on avance. J’aime être cette voyageuse attentive, gourmande, témoin du présent, être l’oeil et l’esprit qui explorent, réveiller l’envie, marcher dans les pas des anciens, progresser dans ma vision du monde. Ni vraiment photographe ni vraiment écrivaine, je photographie, fige ces moments subtils qui s’inscrivent sur ma rétine et j’écris ce que le monde me renvoie, la manière qu’il a de me parler, de venir à moi, à la fois subtile et violent. J’ai toujours aimé voyager, faire la route, me nourrir du mouvement et des histoires qu’il provoque. Le voyage, c’est ce qui reste après, l’inscription du temps dans la case du souvenir qu’on ne cesse d’alimenter, de recréer dans sa tête grâce aux photos, aux écrits, ces empreintes si précieuses.

Il faudra s’habituer au retour. Reprendre le cours de la vie comme si cette bulle estivale n’avait été qu’un souffle d’images, de sensations, devenues désormais souvenirs. Retrouver la ville et naviguer entre le présent bien réel et ce temps déjà révolu, mais si riche, laissant en moi des traces indélébiles de moments uniques, chargés d’alimenter les jours, les mois à venir. Retrouver la ville et se sentir à la fois la même, mais surtout riche d’un vécu proche dans lequel s’y mouvoir à nouveau représente l’expression de soi comme une évidence. Retrouver la ville, reprendre l’histoire où elle s’était arrêtée dans une forme de nonchalance propre aux villes traversées par un fleuve docile.

et si nous étions toujours en voyage, même ici, sur les lieux de nos vies présentes ?
Voyager c’est comme lire ou écrire, c’est une nourriture…
et l’Art n’est il pas justement de saisir toutes les formes de réel et de les rapporter, les juxtaposer, photographier, poser des mots, pleurer…
bien avec toi dans ce retour aussi, dans cette bulle qu’on a envie de préserver où survivent les sensations et les images encore si récentes… retiens les encore comme tu retiens ton souffle…
Cela laisse une belle et jolie perspective pour de nouveaux horizons et de nouveaux projets de voyages…