crnt d’été Corse | Propriano-Filitosa-Sollacaro #3

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

Matin paisible

Toujours cette même douceur du paysage au réveil, les massifs montagneux recouverts d’une végétation sauvage prise dans un voile de brume matinale. Une petite brise qui donne l’illusion de rafraîchir, même si le thermomètre se rapproche déjà des 30 degrés. Ils seront bientôt dépassés.

Il y a très longtemps que je n’étais pas revenue en Corse. La première fois, c’était durant l’été 1976 ou 1977, une maison d’architecte, surplombant la côte découpée et les eaux bleue turquoise de Cargèse. J’avais une douzaine d’années et j’étais orpheline de mère depuis peu. Mon père avait accepté de partir avec deux autres couples d’amis et leurs enfants. Toute une smala déplacée de Bourgogne en Corse. Comme un air de fête ! L’attente du ferry du soir à Marseille sous la chaleur, la visite à Notre-Dame de la Garde éclaboussée par le soleil méditerranéen, les étroites ruelles du Panier, le port… et la traversée en pleine nuit jusqu’à Ajaccio, les cabines étroites, le bateau qui tangue. La salle de cinéma tout en haut du ferry et ce film, dont le titre me revient à la mémoire, Soleil vert, avec Charlton Heston. A l’arrivée, attribution des chambres. Je dormais avec deux soeurs plus âgées que moi, cheveux longs et raides, corps dessiné par de nombreuses années de danse et sourire gourmand. Ce vivre en communauté était nouveau pour moi, un avant goût de liberté et d’échange sur les codes de vie des plus grands. Une ouverture musicale sur les tubes de l’été, Polnareff, Nino Ferrer et sa chanson Le Sud, mais surtout la découverte d’un groupe américain qui ne me quittera plus, Eagles et son célèbre Hôtel California, écouté en boucle durant tout le séjour sur des cassettes enregistrées. De quoi laisser une empreinte indélébile et confirmer ma passion déjà affirmée pour les Etats-Unis. Depuis, je ne suis plus revenue de ce côté-ci de la Corse.

Sur la route
Sur le site de Filitosa

En fin d’après-midi, une plongée dans la préhistoire Corse sur le site archéologique de Filitosa, proche de Sollacaro. Des statues-menhirs classées de toute beauté peut-on lire dans des commentaires. Il fait encore très chaud, mon corps accuse l’effort. A l’accueil, la jeune femme avait précisé que la visite durait une heure. Par précaution, j’ai emporté ma gourde. Regarder les pierres, se projeter dans un temps inconnu et imaginé, toucher la surface granuleuse du granit, fermer les yeux et ne rien ressentir. Est-ce normal ?

A chaque fois, je me demande ce qui m’échappe de ce moment, quand la rencontre n’est pas au rendez-vous.

Village de Sollacaro
Village d’Olméto

8 commentaires sur « crnt d’été Corse | Propriano-Filitosa-Sollacaro #3 »

    1. Oui, tu as raison Caroline, la traversée fait partie du voyage en Corse. Dans cette destination, l’avion à moins de charme. Je confirme !
      Et désolée que cette escapade à Filitosa te rappelle des souvenirs traumatisants pour tous.
      Merci pour ton passage ici…

    1. l’esprit s’évade ailleurs… l’essentiel est de partir, enclencher le déplacement
      oui, du repos, c’est ce que j’ai fait aujourd’hui, lire, flâner…

  1. Poignante remontée dans les souvenirs et dans l’enfance. On te suit avec beaucoup d’émotion et tu nous entraînes dans ces souvenirs doux-amers comme si le soleil de Corse semblait vouloir raviver et apaiser tour à tour les blessures du passé. Beauté brute des paysages arides, le piquant tentateur des figues de barbarie et sans doute dans l’air le parfum des épineux et des oliviers qui exaltent leur parfum sous le soleil ardent. On veut se laisser bercer aussi et ne plus penser au passé, à l’avenir. Juste le moment présent. 

    Merci merci , Golden Eyes, pour cette nouvelle page du carnet de route empreinte d’émotions, si intense et personnelle, comme jamais. En avant pour une nouvelle journée. Eyes wide open as ever, heart beating hard, ready for new emotions and unexpected  discoveries . 

    Petit Clin d’œil à tes souvenirs musicaux d’enfance 1976 ! Nino, Le Sud 

    C’est un endroit
    Qui ressemble à la Louisiane
    À l’Italie
    Il y a du linge
    Étendu sur la terrasse
    Et c’est joli

    On dirait le Sud
    Le temps dure longtemps
    Et la vie sûrement
    Plus d’un million d’années
    Et toujours en été

    1. thank you katie to be here and read this blog as you did last year. this week, not too much to say except the landscape and the « cigales »‘song !!! just take some time to read, to think and to write a little bit. « le sud » ! what a nice song, isn’t it ?

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