jrnl | bretagne – octobre

regard du dedans, vie au dehors | le temps enroulé à l’infini et le jour ressemble à la nuit c’est ici que tout commence ou recommence là où l’histoire se dit

[jrnl|temps passé]

6 heures, le réveil sonne. Pas le temps de se poser des questions. Au radar, je trace. Douche, verre d’eau, chaussures et je claque la porte. Je piste l’arrivée du bus sur l’application TBm. Le petit point géolocalisé représentant le 70 se déplace, régulier. Perdue dans les rêveries, j’en oublie de demander l’arrêt à Barrière du Médoc. Je descendrai au prochain. La marge de temps que j’ai prise n’est pas entamée. J’aurai le tram D comme prévu. À cette heure, peu de personnes circulent, les moyens de transport sont calmes, les quais se préparent à l’affluence de l’heure de pointe. La gare n’est pas surpeuplée, même si c’est une période de vacances scolaires. J’en profite pour relire le nom de mon arrière-grand-père gravé sur le marbre blanc, hommage aux agents des chemins de fer morts pour leur pays.

Bordeaux – Gare

Bordeaux|Jonzac ~ Le jour s’est levé. Je laisse derrière moi la « belle endormie » enveloppée dans un brouillard épais. A hauteur de Saint-Vincent-de-Paul, le pont de fer enjambe la Dordogne, grise comme le temps. Encore quelques pins des Landes sur le tracé de la voie de chemin de fer et au bout de leur cime, entre deux nuages, du ciel bleu. Des vignes, des terres agricoles. Je pense à M. qui a vécu quelques temps sur Jonzac. Je pense à L. qui, plusieurs fois dans l’année, fait ce trajet pour rejoindre le paysage maritime qu’il affectionne. Je pense à tous ces voyages en train qui ont donné lieu à de belles pages de littérature. Et j’ai le cœur léger. La voix enregistrée diffuse dans le haut parleur des informations. Le train entre bientôt en gare de Jonzac.

Gare de Jonzac

Jonzac|Saintes ~ Le réseau ne fonctionne pas bien, je capte moins, je perds des « barres ». Je tente le wifi intercités de la SNCF. Le train avance lentement, traverse des villages des hameaux. Au bord de la voie, veillent encore des maisons de garde-barrière désaffectées. Ici et là, des regroupements de bouleaux déjà dénudés. Un cimetière posé au milieu des champs, son mur d’enceinte matérialisant la limite entre les deux. À l’extrémité d’un champ, une rangée de ruches. On imagine les petites locataires s’affairant avant la période hivernale. À Saintes, cinq nouveaux voyageurs s’installent dans la voiture 2.

Quelque part entre Jonzac et Saintes
Gare de Saintes

Saintes|Rochefort ~ Jusqu’à présent, la voiture 2 était silencieuse. Je mets mes écouteurs. Le soleil tente de percer le voile de brume. Un couple échange à voix haute, un voyageur écoute son portable sans écouteurs et nous fait profiter d’un monologue certainement sorti d’un réseau social. Sans y être invité, on rentre dans l’intimité des gens, impudeur et mépris de l’autre. Hier, j’ai téléchargé séries et films qui pourraient m’intéresser. Je me plonge dans une histoire qui me téléporte au Japon.

Gare de Rochefort

Rochefort|La Rochelle ~ Le train se rempli. Une voyageuse prend la place à côté de moi. Elle se rend à Nantes, terminus de la ligne. Je m’étais étalée, je regroupe carnet, livres, veste que je dépose dans un tote bag. Nous longeons sur la gauche la route qui mène à La Rochelle. Nous traversons un paysage de marécages. Des canards attendent, statiques, sur un plan d’eau. On dirait des appeaux. Il est 10:06, l’arrivée à Nantes est prévue dans 2 heures. Le trajet entre les deux villes est court.

Gare de La Rochelle

La Rochelle|Luçon ~ Au loin un clocher, des éoliennes, la campagne plate, en attente de l’hiver à venir. À côté de moi, la jeune femme passe des appels téléphoniques. Avec les écouteurs dans mes oreilles, je ne saisis pas la teneur de ses propos, professionnels il semblerait. Devant elle, un ordinateur HP, un bloc de prise de notes et deux portables. Je crois reconnaître des IPhone. Elle pianote sur l’écran, tousse, s’agace, hoche la tête, souffle. J’enlève le mode « pause » de mon film.

Gare de Luçon

Luçon|La Roche-sur-Yon ~ Je pourrais me déplacer, il reste un arrêt, une heure de transport et des places disponibles. Curieusement, sa présence ne me dérange pas. Je reste assise côté couloir, siège 21, regardant le paysage défiler à travers la vitre opposée.

Gare de La Roche-sur-Yon

La Roche-sur-Yon|Nantes ~ La matinée s’est écoulée dans la voiture 2 de l’Intercités Bordeaux /Nantes, place 21. D’ici, je ne vois pas grand chose. Un pied qui dépasse dans le couloir, la tête du contrôleur qui s’approche pour vérifier mon billet pour la deuxième fois, ma voisine de gauche et un autre voyageur qui vient de déposer sur sa tablette une canette Tropico et un Spéculos emballé. Le temps n’a pas changé depuis 4 heures que je suis partie de Bordeaux, couvert d’une épaisse couche de nuages, mais parfois, un rayon de soleil vient caresser la nature, stoïque.

Le voyage ne s’arrête pas à Nantes. Le temps de grignoter une part de tourte aux légumes me voici sur le quai numéro 11 à attendre le TER en direction de Quimper. Terminus pour moi, Aurey dans le Morbihan. L’habitat change. Les maisons caractéristiques bretonnes jalonnent le parcours : petits hameaux de toits pentus, conduit de cheminée à chaque extrémité, murs en pierre.

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